Après avoir entendu pour la vingtième fois mon voisin de bureau expliquer ce qu’est un mème, je me suis dit : pourquoi ne pas faire un peu de pédagogie...
Le mème, pour peu que vous travailliez dans une agence de communication ou que vous soyez familier du bored out au bureau, vous en avez bouffé des wagons entiers.
Les chatons qui se cassent la gueule, les epics fails, le planking.
Ce sont des mèmes.
Ce mot un peu bizarre, qui fait souvent tiquer les interlocuteurs de mon voisin de bureau, est en fait formé de la contraction des mots gène et mimesis et désigne selon Wikipédia un élément culturel reconnaissable répliqué et transmis par l’imitation du comportement d’un individu par d’autres individus.
Autrement dit, le mème c’est un truc qui paraît tellement cool qu’on a envie de le partager et de faire pareil.
Comme ici :
Source : http://www.planking.me/
Ou là :
D’ailleurs les artistes commencent à s’y intéresser (si c’est pas une preuve ça).
Notamment David Horvitz, un jeune artiste américain qui s’amuse régulièrement à donner des instructions aux lecteurs de son blog dans le but de créer des mèmes.
Ici il enjoint aux internautes de se prendre en photo la tête dans leur frigo.
Et ça donne ça :
Quand au chiffre 241543903, il perd un peu de son aura mystérieuse lorsqu’on apprend qu’il s’agit au départ de la combinaison du numéro de série du réfrigérateur de David Horwitz et de chiffres se trouvant sur les codes barres de certaines de ses denrées alimentaires.
Le nombre de personnes ayant joué le jeu est estimé à plusieurs milliers, pas de doute cette «opération mème» a rencontré le succès, assez pour engendrer un véritable mème.
Car tout l’intérêt du mème réside dans sa capacité à s’auto-diffuser une fois franchie une certaine masse d’utilisateurs. Le mème est donc viral par essence.
Et sur Internet, le mème, par sa répétition absurde ad nauseam devient comique.
Comme ici :
Source : http://antiduckface.com/
La foule des internautes qui alimentent le mème se fait créatrice du rire de ses contemporains. Et ce rire s’enrichit sans cesse du rire des autres.
C’est bien connu, le rire est souvent contagieux et il peut même parfois créer de véritables épidémies comme en Tanzanie en 1962.
Pour autant, le mème n’est pas toujours drôle. Il est même parfois assez ennuyeux, comme en témoignent les sempiternelles photos touristiques de nos parents et amis : ma femme devant la Tour Eiffel, Papi devant la Fontaine de Trevi, ma petite nièce devant Big Ben, mon petit copain devant les Pyramides, etc, etc, etc...
Tous ces appareils-photo fièrement brandis par des hordes de touristes assoiffés de souvenirs sont de véritables machines à fabriquer des mèmes.
Heureusement ces mèmes particulièrement ennuyeux peuvent eux aussi servir de support à des trucs beaucoup plus funs comme de l’art :
Corinne Vionnet, Photo Opportunities.
Source :http://www.corinnevionnet.com/site/entry.php?o=1
Dans sa série Photo Opportunities, cette artiste suisse a voulu rendre tangible le mème de la photo touristique en superposant des centaines de photos d’un même monument prises par des centaines de touristes différents. Étrangement ça donne des images aussi belles que fantomatiques. Et particulièrement mélancoliques.
Enfin, si vous voulez continuer à vous délecter de mèmes, vous trouverez ici une véritable encyclopédie visuelle du mème sur Internet.
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